Quand on jardine de façon écologique, on délaisse les produits chimiques au profit de préparations plus naturelles. Celles-ci demandent toutefois un peu d'attention afin de produire les effets attendus, sous peine de déception ou de nuisance à l'environnement, ce qui serait un comble !
Purin ou macération ?
Les préparations naturelles les plus simples à préparer et à utiliser au jardin sont les macérations de plantes dans l'eau. On les appelle "purin" par abus, car un purin est un fertilisant, alors que la macération sert à d'autres usages, selon le stade auquel on l'emploie. Les plantes utilisées sont communes et peu toxiques : l'ortie, la prêle et la consoude, pour les plus classiques. Parfois, on peut utiliser d'autres plantes, en fonction de son expérience.
La recette est toute simple : dans 10 l d'eau (de pluie, si possible) et dans un récipient neutre comme un bidon en plastique, on plonge 1kg de feuilles fraîches coupées grossièrement (100 g si elles sont sèches). Remuer très souvent, au moins chaque jour, le contenant devant être au frais et à l'ombre.
Jeune, contre les insectes
Durant les premiers jours, la macération a une couleur vert foncé. A ce stade, elle sert à limiter la pullulation d'insectes piqueurs sur les plantes infestées. Il faut la filtrer avec un vieux linge, et pulvériser l'extrait dilué de moitié (à une mesure de macération, on ajoute la même quantité d'eau). Cette action ne tue pas les insectes, mais les gêne dans leur reproduction. Attention : les plantes fragiles (jeunes semis, fougères, plantes à feuilles fines) risquent d'en souffrir. Les insectes auxiliaires également !
Mi-mûr, contre les champignons
En laissant la macération se poursuivre jusqu'à 7-8 jours, toujours en brassant quotidiennement, elle mûrit. Si elle prend une mauvaise odeur, c'est qu'elle manque de brassage. A ce stade, la préparation filtrée doit être diluée 10 fois avant usage. Elle s'emploie en pulvérisation sur les feuilles attaquées par les maladies causées par des champignons : oïdium ("blanc" des feuilles), rouille (poudre orange), etc. Là aussi, les plantes sensibles risquent d'en souffrir. Ne pulvérisez que par temps couvert, de préférence le soir. Le risque pour les insectes est limité.
Fermenté, en engrais liquide
Si vous brassez la macération pendant plus d'une quinzaine de jours, le liquide s'éclaircit et ressemble alors à un thé très infusé. Ce délai varie en fonction de la saison : il peut être plus ou moins long. L'emploi de feuilles sèches raccourcit le délai par rapport aux feuilles fraîches. La macération a alors fermenté, et constitue un engrais liquide. Diluez cinq fois le liquide, et arrosez-en le pied des plantes en croissance, surtout celles que l'on plante pour leurs feuilles : légumes-feuilles ou vivaces à feuillage décoratif, par exemple. Agissez sur une terre humide, et uniquement si l'état de la terre le nécessite. Car cet arrosage revient à verser de l'engrais liquide au pied de la plante !
Pas infaillible
Commencez par faire des essais sur des plantes peu fragiles. L'emploi des préparations naturelles que sont les macérations demandent un peu d'expérience. Si vous les utilisiez sans discernement, vous risquez d'aller au-delà de déception, car si elles sont bio et respectueuses de l'environnement, ces préparations ne remplacent pas les autres bonnes méthodes du jardin bio, en particulier celui de rester attentif à ce qui se passe dans son jardin !